mardi 23 juin 2009

Les graphistes: bougez-vous!





La mode du graphisme actuel, comme la mode tout court, est aux années 70. La mode est également à illustrator et ses aplats vectoriels aux couleurs chatoyantes, permettant de concevoir des silhouettes en deux clics de souris (personnages en pieds avec des attitudes dynamiques, visages, instruments pris dans des cheveux ondulants, papillons virevoltants et autres spirales baroques avec parfois des feuillages un peu partout un peu tout le temps). Reste aussi le collage d'après photos ou vieilles images que l'on aime tous, glanées de ci de là dans l'inépuisable stock des maquettistes et autres photographes qui savaient, eux, faire des images fortes et qu'on nous ressert donc en réchauffé self-service (pin-up, dessins techniques et belles mécaniques, gravures, publicités aux dents blanches, pochettes de vinyles etc.). Imiter la sérigraphie et l'offset c'est bien, en faire vraiment, c'est mieux!

Je vais appeler ça la mode du jetable. Si vous me demandez d'en faire, comme ça ne me prendra que 5 minutes, je vous le fais à moitié prix (!)) !

Non, sérieusement, heureusement, certains s'en sortent bien avec tout ça et ont leurs touches personnelles, leurs poésies, créent leurs propres images de base au lieu de jouer au copier-coller. D'autres retrouvent le chemin du travail manuel bien fait: J'apprécie particulièrement le travail de Gildas Secretin, de Jérôme Witz et d'Arnaud Jarsaillon par exemple (et bien d'autres, mes amis Ewen Prigent de la boîte graphique et Jean-François Perrault et son Plic ploc, mais la concurrence est rude dans ce métier et on se tire pas mal dans les pattes j'ai l'impression, car les places sont chères, rarement au soleil et le couteau tiré dans la plaie). Allez faites un effort! Y en a plein que j'aime bien, je dis pas de tout jeter, mais y a cette dérive qui fait que les gens ne font plus la différence entre ce qui est beau et ce qui est laid.
Donc s'il vous plaît, ce serait gentil d'éviter de nous abimer les yeux avec vos 4 par 3m des noms des groupes en police bâtons de base encadrés en couleurs primaires survolants un martien immonde dessiné à la souris, merci. Je ne vise aucun festival prétentieux et de mauvais goût en particulier...*

*Je tiens aussi à dire que je ne suis pas jaloux ni n'ai eut aucun rapport avec ce festival et ne souhaite en avoir aucun, ce qui me permet justement cette remarque désobligeante. Pendant que certains comme celui-ci ont vendu leur âme, d'autres, plus méritants, galèrent à la faire vivoter, ça c'est pas juste (Caliméro). Je n'ai pas la prétention d'être meilleur que ceux que je critique, mais bien celle d'essayer!

Je pourrais tenir le même discours sur la qualité médiocre des illustrations dans le milieu de l'édition, de l'animation (télé surtout) et de la BD, on y voit tellement de bonnes idées gâchées, ça m'écœure. Peu de bons illustrateurs finalement. Attention, pour finir, dans tous les arts, ce n'est pas la technique et la virtuosité qui compte, mais l'intention et la justesse. La passion, celle que je ne ressent pas en voyant l'affiche reproduite ci-dessus, si vous la voyez tant mieux, si vous y voyez de l'humour, sachez juste qu'il y en a alors de meilleurs ailleurs, de plus inventifs qui n'attendent que de s'exprimer dans cette monotonie ambiante en CMJN!

5 commentaires:

  1. Salut Julien, la mode est un flot que seuls les navigateurs aguerris peuvent pratiquer sans risques.
    Je suis graphiste, j'infographie, je vieillis, je ternis, je décolore, pour de vrai, pour de faux, le vrai nerf de la guerre, c'est que ce soit bien fait. Je te propose de te laisser emporter par les modes, sans en faire tes sirènes. Je pense d'ailleurs qu'on est désormais bien loin de la mode 70' que tu décris, bonjour les repoussante 80' qui n'empêchent pas à akroe par exemple (http://www.akroe.net) de faire de jolies choses.
    Les plaidoyers sur l'uniformise ambiant sont toujours glissants, car on est toujours le cliché de quelqu'un ou quelque chose!!! ;)

    Bon et à bientôt j'espère !
    ++
    JF

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  2. Je persiste et signe: je critique surtout la facilité et le manque de bon goût. Mais j'ai été élevé par des parents architectes et, côté architecture, on est servi! c'est même là qu'il y a le plus d'horreurs. Mon quotidien est donc un calvaire, rempli de choses que je trouve... juste moches et insipides, ce qui ne m'empêche pas d'être heureux.

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  3. Je voulais montrer du doigt cette facilité et surtout l'uniformisation du monde: fini les costumes traditionnels et les savoirs faire d'antan, ils ont depuis longtemps fait place au jeans et au karaoké partout dans le monde. Il y a des images à Singapour et presque les mêmes en Irak, à Ploudaniel ou à Washington.

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  4. C'est dommage, non? Je ne crois pas que l'on n'aie plus d'idées neuves, même si on s'inspire toujours de ce qui a été fait avant, la créativité existe, c'est être pessimiste que de dire le contraire.

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  5. Enfin je voulais aussi critiquer la pollution qui n'est pas qu'écologique mais aussi dans l'imagerie ambiante, de ces gens que j'accuse qui ne sont pas artistes et qui en appuyant juste sur des boutons gérant des logarithmes préfabriqués se croient et se disent graphistes ou musiciens.

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